Block by Block : améliorer le quotidien des mal-logés

Vous croyez vraiment que le jeu vidéo n’est fait que pour s’amuser ? Détrompez-vous car derrière les jeux de combat, de plate-forme ou de course peuvent se cacher des initiatives citoyennes qui visent à utiliser le jeu vidéo comme support pour la vie réelle. Dernier exemple en date, Block by Block, fruit d’un étrange partenariat entre un célèbre studio de développement et la division liée au logement des nations unies. Explications.

Nairobi aujourd'hui et la version Minecraft par le projet Block by Block

Du virtuel au réel

Block by Block est donc le fruit d’un partenariat entre l’UN-Habitat (site web, en anglais) et Mojang. Le premier (parfois traduit par Programme des Nations unies pour les établissements humains – PNUEH) est une agence de l’ONU qui vise à promouvoir un développement urbain à échelle humaine, se focalisant pour le moment sur les régions du monde qui souffrent encore de graves lacunes. Le second, Mojang donc, est un studio suédois de développement de jeux vidéo. Si le nom ne vous dit rien, il est probable que vos enfants connaissent car le studio est derrière le célèbre jeu Minecraft qui met le joueur aux prises avec un monde où il doit récolter des ressources pour construire ce qui lui passe par la tête : comme une variation des Lego en quelque sorte.

La logique qui anime Block by Block est limpide : dans Minecraft, vous pouvez construire à loisirs avec comme seule limite votre imagination. Or, dans certaines régions du monde, il est difficile pour les habitants de quartiers défavorisés de savoir comment améliorer leur quotidien. Il suffit donc de recréer une maquette du quartier sur Minecraft puis de l’utiliser pour que les habitants soient en mesure d’apporter eux-mêmes les modifications qu’ils souhaitent voir venir ou de s’en servir comme un modèle assez proche de la réalité pour démontrer l’intérêt d’une installation.

Par exemple, l’un des premiers projets eu lieu à Haiti, dans la ville des Cayes. Dans un quartier particulièrement défavorisé et habité principalement par des pêcheurs analphabètes, le programme Block by Block fut mis à disposition des habitants qui utilisèrent donc le jeu pour recréer leur quartier avant de proposer des idées pour améliorer leur quotidien : installation de luminaires, de toilettes publiques et d’arbres ou encore la création d’un terrain de football furent ainsi proposés aux architectes liés au projet qui purent proposer une version applicable. La communauté est ainsi impliquée dans l’amélioration de son environnement.

Donner du poids aux habitants des quartiers défavorisés

Le projet Block by Block est également déployé par l’UN-Habitat dans d’autres endroits du monde avec le même succès : Kiritpur au Népal ; Lotus Garden, un quartier de Mumbai en Inde ; Kigali au Rwanda ; Kibera dans la ville de Nairobi au Kenya ou encore la capitale de l’Ethiopie, Addis-Abeda. Tous ces projets ont en commun la pauvreté des habitants mais également un besoin urgent de repenser l’organisation urbaine avant de risquer des villes incapables de croitre sans écraser ses habitants.

Le choix de Minecraft peut s’avérer surprenant, en particulier quand on sait qu’il existe aujourd’hui des logiciels qui assurent un rendement 3D des environnements et qui sont utilisés par les professionnels. Pourtant, le choix est logique car finalement, le jeu comporte un double intérêt : il est simple à comprendre (un clic pour détruire un bloc, un autre pour en poser un et un dernier pour choisir l’élément à poser) et peut être utilisé par plusieurs personnes qui vont partager la même maquette. Il est donc possible d’intégrer les membres d’une communauté dans le processus créatif, dans un monde virtuel dans lequel ils peuvent confronter leur vision mais également déambuler comme ils le feraient dans le monde réel.

Et surtout, le programme peut s’appuyer sur l’aura du studio, Mojang, qui bénéficie du soutien d’une grande communauté et qui aura pu donc appuyer chaque projet par de grandes campagnes de dons. Si d’aventure, vous passez par un quartier amélioré par ce moyen, dites vous que ce sont en partie des « gamers » qui ont financé chaque chantier et contribué à proposer un meilleur quotidien aux habitants de ces quartiers.

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